La réduction des inégalités entre les sexes sur le marché du travail nécessite (...) des mesures globales, adaptées spécifiquement aux femmes (en tenant compte de leurs situations très variables), qui contribueront en définitive au bien-être de la société. Dans les pays en développement et émergents, la question de favoriser la transition des emplois informels en emplois formels, en particulier parmi les femmes rurales du secteur agricole, reste non résolue. La promotion de la diversification économique, concernant les activités tant agricoles que non agricoles, contribuera à atteindre un degré plus élevé de formalisation, tout en réduisant l’incidence de la pauvreté au travail grâce à la diversification des revenus. Il est essentiel de continuer à encourager l’inscription des femmes dans les programmes d’éducation formelle, de formation professionnelle et d’entrepreneuriat pour faciliter leur transition vers des emplois décents. Dans le même temps, il existe une grande marge de manœuvre pour améliorer la portée et l’efficacité des politiques publiques de soutien aux familles en élargissant la couverture des services liés à l’enfance et en encourageant une redistribution plus équitable des responsabilités familiales entre les membres du ménage (et éventuellement les communautés locales). D’une manière plus générale, il est impératif que tous les pays et tous les groupes d’intérêt concernés (en particulier les gouvernements, les employeurs et les syndicats) œuvrent à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 par des mesures qui garantissent des emplois de qualité aux femmes, réduisent les stéréotypes sexistes et la discrimination tant dans l’éducation que sur le lieu de travail, et reconnaissent, limitent et redistribuent la charge disproportionnée de responsabilités familiales et de soins que les femmes assument actuellement. »
Devant le public du Victoria Hall venu nombreux ce 23 septembre 2018, Sandra Golay, présidente de la paroisse de Sainte-Clotilde, a rappelé que dans son «Apologétique» – que l’on peut brièvement définir comme la partie de la théologie qui tend à défendre le christianisme contre les attaques dont il est l'objet –, Tertullien, Père de l’Église qui vécut à l’aube de notre premier millénaire, a inventé une formule qui deviendra célèbre : « On ne naît pas chrétien, on le devient. » Au milieu du deuxième millénaire, Érasme, dans son traité d’éducation «De pueris instituendis», (« Comment éduquer les enfants »), l’adaptait ainsi : On ne naît pas homme on le devient.
Quelques siècles plus tard, Simone de Beauvoir, philosophe et femme de lettres française, la transformera à son tour dans son livre « Le deuxième sexe », qui nourrira les mouvements féministes du monde entier et les nourrit toujours : « On ne naît pas femme, on le devient. »
Tertullien, Érasme, Simone de Beauvoir : trois approches de l’être humain.Selon Tertullien, celui-ci se doit de devenir chrétien, impérieuse nécessité.
Pour Érasme, il doit se cultiver, « faire ses humanités » ainsi que l’on disait à l’époque, pour accéder à la condition d’Homme, avec un H majuscule.
Quant à Simone de Beauvoir, sa formule a quelque chose de pessimiste. Hommes et femmes sont égaux à l’origine. Mais l’homme, qui veut tout dominer, asservit la femme. Pour Marianne Mercier, rédactrice en chef et cofondatrice de « La pause philo », « cette affirmation n’est pas une injonction faite aux femmes, à qui l’on demanderait de passer par un long apprentissage pour répondre à l’idéal féminin... c’est la première fois que l’on distingue le fait d’être une femelle de celui d’être une femme. C’est seulement à partir des années 1970 que l’on désignera cette différence avec les termes sexe et genre.»
« Le programme de ce grand concert pour l’égalité, a-t-elle ajouté, ou pour être plus précise et plus juste, pour la réduction des inégalités entre les sexes, en particulier sur le marché du travail, nous l’avons voulu, la paroisse de Sainte-Clotilde et le Centre catholique international de Genève, centré autour de la personne de la femme puisque le déficit est en sa défaveur.
Ce soir, Stanislava Nankova, son orchestre symphonique de gala et la Chorale du Brassus vont nous emmener dans un monde de femmes avec « Madamina », cette chère Elvire, avec Norma, la grande druidesse des Gaulois, avec Leonora qui crie « Maledizione », avec Elisabeth, la fiancée malheureuse de Don Carlos, ou encore avec Hannah, la veuve joyeuse de « L’Heure exquise ». Toutes femmes de caractère, fortes dans l’adversité, fortes tout simplement.
Beethoven, Mozart, Verdi, Bellini, Lehár ont su les mettre en valeur, face le plus souvent à des événements extrêmement tragiques. Toutes ces femmes sont admirables et n’ont rien à envier aux hommes en termes de courage, d’énergie, de fermeté et de grandeur d’âme.
Ces femmes ressemblent d’ailleurs à toutes les femmes, d’hier et d’aujourd’hui, qui ne se ménagent pas, que ce soit dans leur vie privée ou dans leur vie professionnelle. Et il est plus que temps de reconnaître tous leurs mérites et de les traiter avec la dignité et le respect qu’elles imposent.
Alors, oui, il faut encore et toujours lutter pour atteindre à l’égalité entre l’homme et la femme puisque celle-ci est encore loin d’être acquise, ici et ailleurs. En la matière, il n’y a pas de petits gestes, de petits efforts, de petites initiatives. Chaque pas vers cette égalité tant recherchée compte. Chaque pas compte, tant ceux des femmes que des hommes.
En Suisse, j’en veux pour preuve les récentes avancées dans le domaine de la prévention des violences conjugales telles que, dans le canton de Fribourg, un concept de lutte contre la violence au sein du couple et des impacts qu'elle provoque sur la famille. Au total, 33 mesures ont été arrêtées. Pour sa part, le canton de Vaud se veut être à la pointe en matière d’égalité salariale. La conseillère d’État Nuria Gorrite a récemment présenté huit mesures visant à améliorer l’employabilité des femmes dans l’administration. À Berne, au Conseil national, La Commission de l'éducation a adopté de justesse le projet visant à imposer plus de transparence aux firmes en matière d'égalité salariale. Le débat aura lieu demain. Dans le prolongement de son programme « Genre et sports », la Ville de Genève a lancé en 2016 une enquête sur le sport féminin, pour mieux comprendre les facteurs qui influencent les pratiques sportives des femmes. Les résultats de cette enquête doivent permettre d’orienter au mieux l’offre sportive pour répondre aux attentes exprimées par les femmes. Et Mme Nathalie Fontanet, conseillère d’État, va vous faire part de la situation dans notre canton.
Et ici, c’est par la musique qui, selon les Anciens, adoucit les mœurs, que nous faisons ensemble un petit pas de plus.
Au nom de notre paroisse de Sainte- Clotilde, je tiens à adresser mes plus vifs remerciements à la République et Canton de Genève, à la Ville de Genève, au siège européen des Nations Unies à Genève, à l'Organisation internationale du travail, à la Confédération suisse, au Centre catholique international et, bien sûr, à notre vicaire épiscopal, M. l’abbé Pascal Desthieux, qui ont bien voulu s'associer à notre projet en mettant à notre disposition leur expertise et leurs témoignages. »
Nathalie Fontanet, conseillère d’État de la République et Canton de Genève, a souligné pour sa part que « la réalisation de l’égalité entre femmes et hommes est, dans les lois comme dans les faits, une exigence posée tant au niveau national par la Constitution fédérale, qu’au niveau international, par de nombreux traités et conventions, dont notamment la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La Suisse a signé cette convention en 1997, soit deux ans après avoir adopté la Loi fédérale sur l'égalité qui concrétise le principe d'égalité dans la sphère professionnelle.
Le chemin parcouru depuis 30 ans est immense: les femmes sont mieux formées, plus actives professionnellement, et certaines parviennent à percer le plafond de verre pour atteindre les hautes sphères décisionnelles, qu'il s'agisse du monde économique ou politique. Toutefois, malgré ces progrès et les bases légales existantes, de nombreuses discriminations continuent à prétériter les femmes dans le monde professionnel en Suisse et à Genève. Les rapports que la Suisse doit rendre dans le cadre de ses engagements internationaux et les recommandations qui lui sont formulées sur cette base sont éloquen
La Suisse et ses cantons peuvent mieux faire !
La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF) a mis en avant que la Suisse est l’un des pays d’Europe où les femmes actives sont les plus nombreuses. À Genève, en 2016, les femmes représentaient 47% de la population résidante occupée de plus de 15 ans. Toutefois, seulement 9% de la population active féminine fait partie de la catégorie de la direction, des cadres de direction et gérant-e-s, contre 14% chez les hommes. Les femmes sont donc peu nombreuses à parvenir à briser le plafond de verre et occuper de hautes fonctions. Et celles qui y parviennent peuvent se retrouver confrontées à l’enjeu de la discrimination salariale.
En effet, plus on monte dans la hiérarchie, plus l’écart salarial devient important, atteignant en Suisse dans la catégorie susmentionnée une différence de plus de 18% entre le salaire médian brut des hommes et celui des femmes. La différence salariale s’élève quant à elle à 12% toute position professionnelle confondue, et près de 40% de ces différences ne reposent pas sur des facteurs explicables et objectifs. Selon une estimation de l’Office fédéral
de la statistique, cette discrimination potentielle a représenté une perte de salaire totale de 7,7 milliards de francs en 2010 pour les femmes.
Pour le surplus, les femmes sont surreprésentées dans les secteurs d’activités et professions moins rémunérés. Le travail du « care » – ce travail invisible majoritairement accompli par des femmes – représente un manque à gagner pour ces dernières de près de 100 milliards de francs chaque année et a des conséquences négatives sur la rente qu’elles touchent à la retraite. Ces discriminations à l’encontre des femmes, notamment ces pertes financières, ont ainsi un impact économique et social important non seulement sur les femmes, mais aussi sur les ménages et la société dans son ensemble. Pour promouvoir efficacement l'égalité, il est nécessaire de prendre en compte cette vision globale.
Ces discriminations impactent les femmes, leur vie privée, leur vie professionnelle et orientent leurs choix.
Les mentalités doivent changer, évoluer. Un travail de sensibilisation auprès des entreprises, des employé-e-s et des milieux intéressés s’avère essentiel pour convaincre celles et ceux qui pensent, à tort, que l’égalité est à présent atteinte à Genève. Un travail d’autant plus efficace lorsqu’il est entrepris en synergie et est le fruit d’efforts convergents.
Genève accueille de nombreux organismes internationaux. Avec la présence notamment du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, des secrétariats des divers traités internationaux en la matière ainsi que des principales ONG actives dans le domaine, elle représente un lieu internationalement connu pour la promotion et la protection des droits humains. Quoi de plus évident alors qu’un projet visant à renforcer les liens entre la Genève internationale et la Genève locale pour promouvoir les droits humains ? Pour agir ensemble à la prévention des discriminations. L’égalité est l’affaire de tous et toutes et l’investissement de chacun et chacune à son niveau est essentiel pour l'atteindre.
Je salue l’initiative du Conseil de la paroisse de Sainte-Clotilde ainsi que la publication « Égalité, un si long chemin » qui s’inscrit pleinement dans cette démarche et qui contribuera, j'en suis certaine, à promouvoir ce principe constitutionnel qu'est l'égalité entre femmes et hommes, si cher à Genève, à la Suisse et à la communauté internationale. »
Enfin, Corinne Momal-Vanian, cheffe de file pour le projet « International Gender Champions » de l’Office européen des Nations Unies à Genève, a transmis le message de Michael Möller, secrétaire général adjoint des Nations Unies et directeur général de cet office:
« En juillet 2015, j’ai lancé, en accord avec l’ambassadrice Hamamoto, représentante permanente des États-Unis auprès des
Nations Unies à Genève, et de Caitlin Kraft- Buchman, directrice de l’organisation non gouvernementale Women@TheTable, un réseau de défenseurs de l’égalité des sexes dans le cadre de la Genève internationale (International Gender Champions - Geneva ou IGC).
En effet, l’égalité des sexes est indispensable pour atteindre les objectifs pour la paix, les droits et le bien-être pour tous qui sont les nôtres ainsi que les 17 Objectifs du développement durable de l’Agenda des Nations Unies à l’horizon 2030. Beaucoup d’entre nous constatent avec regret que vingt ans après l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, trop peu de choses ont changé. Face aux inégalités persistantes dans la participation des femmes et des hommes, un vrai changement nécessite désormais une plus grande visibilité des femmes au plus haut niveau, et des actions concrètes pour faire la différence dans notre vie quotidienne. De par la présence d’une vaste gamme d’acteurs et sa tradition de partenariats, la Genève internationale offre une plateforme idéale pour une action renforcée dans la promotion de l’égalité des sexes.
Aujourd’hui, l’initiative IGC compte plus de 120 membres à Genève. Le réseau réunit les représentants permanents d’une cinquantaine d’États, les chefs d’une quarantaine d’organisations internationales basées à Genève ainsi qu’une trentaine de chefs d’organisations de la société civile (y compris des ONG, institutions académiques et entreprises) ainsi que la République et Canton de Genève et la Mission permanente de la Suisse auprès des Nations Unies à Genève. Tous sont des partenaires essentiels dans le développement local de cette initiative. D’ailleurs, grâce à leur soutien, l’initiative s’est étendue dans l’Arc lémanique, avec l’intégration de plusieurs fédérations sportives ainsi que du Comité international olympique, situés à Lausanne. C’est également le représentant permanent de la Suisse auprès des Nations Unies à New York qui a porté l’initiative au-delà de la Genève internationale en lançant un réseau similaire dans l’autre centre d’activités multilatérales qu’est la ville de New York.
Le réseau IGC s’appuie sur trois idées simples. Tout d’abord, ses membres doivent prendre position, sous la forme d’un engagement, contre les débats où seuls les experts d’un sexe sont représentés. Le but est de susciter une réflexion autour d’une certaine discrimination, et de contrecarrer l’idée que certains sujets seraient uniquement dominés par des hommes, ou par des femmes. D’autre part, l’initiative IGC a adopté une approche personnelle, où les dirigeants, plutôt que leurs organisations, prennent eux-mêmes la responsabilité de leurs engagements. En plus de leur refus de participer à des panels exclusivement masculins (ou féminins), ces leaders doivent chacun prendre deux engagements concrets et mesurables pour promouvoir l’égalité des genres dans leur organisation ou au travers de leurs programmes. Pour ma part, par exemple, je me suis engagé à promulguer une politique de l’égalité des genres pour l’Office des Nations Unies à Genève (chose faite), à conduire une enquête sur les perceptions en la matière parmi mon personnel (chose faite également) et à délivrer un discours de haut niveau sur la question. Puisque les questions liées à l’égalité des sexes sont interconnectées, toute tentative pour faire la différence dans ce domaine doit transcender les disciplines, les organisations et autres cadres traditionnels. Créer des synergies entre les différents secteurs et acteurs de la communauté de la Genève internationale est donc la troisième idée fondatrice de ce réseau.
D’autres centres d’activités multilatérales ont suivi l’exemple de Genève et nous espérons que d’autres encore lanceront prochainement des initiatives similaires. Nous continuons de notre côté à élargir le réseau des « Champions » à Genève avec des acteurs à l’image de la diversité et de l’écosystème genevois. En renforçant la cohésion de la Genève internationale aussi bien que son intégration dans le tissu local, cette initiative démontre une fois de plus comment la Genève internationale peut innover et rassembler des acteurs très divers autour d’un objectif commun».
AD MAJOREM DEI GLORIAM | Printemps 2019