Chère Lectrice, cher Lecteur,
Voici le 4ème numéro de AD MAJOREM DEI GLORIAM. Un monde en péril en constitue le thème principal. Une photo du pape François, grave, en prière, en illustre la couverture qui tranche avec celles que nous voyons bien souvent dans les médias, qui le montrent jovial et enjoué.
Le coronavirus, le fameux COVID-19, a marqué au fer rouge nos vies, a bouleversé nos habitudes, notre façon de penser, notre vision du monde. Une certaine forme d’insouciance face aux épidémies et pandémies n’est plus de mise. Et la cacophonie sur la manière de faire face à cette crise, tant sur le plan international que national, régional et local n’est plus acceptable. Il convient d’adopter sans délai une politique uniforme à tous les niveaux, dans le monde entier, pour l’affronter. Car ce COVID-19 est une véritable punition que nous nous infligeons à nous-mêmes à cause de notre incurie collective.
Nous avions cependant été prévenus, très sévèrement prévenus de ce qui pouvait nous arriver. Dans son Rapport sur la préparation mondiale aux situations d’urgence sanitaire publié en 2019, le Conseil mondial pour la préparation, institué en 2018 par le Groupe de la Banque mondiale et l’Organisation Internationale de la santé (OMS), avait tiré la sonnette d’alarme :
« le Conseil mondial de suivi de la préparation a examiné les recommandations des précédents groupes et commissions de haut niveau constitués à l’issue de la pandémie de grippe (H1N1) 2009 et de la flambée de la maladie à virus Ebola (MVE) 2014-2016, parallèlement aux rapports qu’il a commandés et à d’autres données. Le résultat de ce travail est un aperçu des capacités mondiales à prévenir et à endiguer une menace sanitaire mondiale. Un grand nombre des recommandations examinées ont été mal mises en œuvre, ou n’ont pas été mises en œuvre du tout, et de graves lacunes persistent. En matière de pandémies, nous avons depuis trop longtemps laissé évoluer un cycle de panique et de négligence : nous renforçons les efforts quand une grave menace se présente, puis les relâchons rapidement quand elle s’atténue. Il est grand temps d’agir. Le Conseil mondial va mener une action de sensibilisation aux plus hauts niveaux, afin que les engagements politiques, financiers et sociaux soient pérennisés et placés au premier rang des priorités politiques, et renforcer la responsabilisation et le suivi. Le monde est en péril, mais nous possédons déjà collectivement les outils nécessaires pour sauver nos populations et nos économies. Ce dont nous avons besoin, c’est de leadership et d’une volonté d’agir avec force et efficacité ».
Un autre rapport, celui du groupe d’ex-perts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels et les trajectoires associées d’émissions mondiales de gaz à effet de serre dans le contexte du renforcement de la parade mondiale au changement climatique, du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, mérite également d’être souligné :
« il ne sera pas possible d’éviter les dépassements et la dépendance vis-à-vis de l’élimination à grande échelle du CO2 que si les émissions mondiales de CO2 commencent à décliner bien avant 2030 ».
Notre Terre va mal, va même très mal. Il convient également de se mettre ce rapport en tête et cesser de nous rassurer avec les demi-mesures qui sont timidement prises actuellement. La phase de sensibilisation est depuis longtemps achevée. Il est plus que temps de se mettre sérieusement au travail.
Voulons-nous continuer à vivre dans un monde en péril ? Sans avoir le courage de mettre en œuvre sans tarder des mesures qui s’imposent depuis longtemps ? Souhaitons-nous notre propre perte ? Nous devons absolument nous réveiller et nous mettre à l’œuvre.
« Les vies humaines comptent » : Souleymane Bachir- Diagne, professeur à l’Université Columbia de New York, était l’invité de la Faculté de théologie de l’UNIGE dans le cadre d’une visioconférence, portant sur l’après-Covid, en juin dernier :
« Nous sommes à l’aube d’une insurrection éthique qu’il faut transformer en une politique d’humanité. Nous comporter comme si nous étions tous d’un seul pays, avec un sentiment politique commun d’humanité, de solidarité, avec une volonté de redéfinir ce que nous appelons le développement, en mettant l’humanité au cœur de celui-ci. Une politique d’humanisation de la Terre, un peu à la manière de Teilhard de Chardin ».
« Les vies humaines comptent ». Ne l’oublions pas. C’est un signe d’espoir.
Sainte-Clotilde Foundation, co-editor
AD MAJOREM DEI GLORIAM | Automne 2020